Rim et Carla, unies par l’art
- on décembre 17, 2017
Agées respectivement de 12 et 10 ans, Rim et Carla sont dans la même classe de 6ème. A l’école de Deir el Ahmar, ces deux jeunes filles affectionnent tout particulièrement les matières artistiques. Assises côte à côte sur le canapé de la salle principale de la directrice, Sœur Jeanne, Rim explique « adorer le chant ». Une démonstration ? Ses joues rosissent. Trop timide, elle n’osera entonner sa chanson préférée apprise en classe : « Un moment chaque jour ». Ses grands yeux bleus s’illuminent quand elle explique vouloir « enseigner le chant dans les écoles ». Timidement, et en se recroquevillant doucement, elle hésite à préciser aimer « chanter en arabe », jugeant le français « trop difficile ».
A l’instar de Rim, Carla n’apprécie pas particulièrement la langue de Molière. Cette jolie brunette préfère les mathématiques, mais voue une passion pour le théâtre qu’elle pratique dans le cadre de son enseignement scolaire. Pourquoi ? Elle trouve « rigolo » d’avoir différentes vies, de devenir quelqu’un d’autre. Des fois, elle aimerait bien « être plus grande » pour avoir plus de contacts avec ses frères et sœurs partis étudier à Beyrouth.
En effet, Rouba et Rami, âgés de plus de 20 ans, sont à l’Université. « Rouba étudie la comptabilité et Rami la topographie », assure-t-elle, très intéressée par l’avenir de ses aînés. Les deux autres, Anthony et Carlos, sont au lycée. Vivant à Deir el-Ahmar avec ses parents, Carla ne voit ses frères et sœurs que très peu. « Ils sont trop grands et ne passent pas beaucoup de temps avec moi », déplore-t-elle, se sentant, par là même, relativement isolée. Rim, elle, a également trois frères et sœurs : Zoya et Mustapha, âgés respectivement de 21 ans et 18 ans, et Nassim, 7 ans. Son père, Mohammad, est forgeron. Sa mère, comme la plupart des femmes dans cette région du pays, est au foyer. Youssef, le père de Carla, lui, exerce le métier de garagiste. Des métiers à faibles revenus au Liban, variant entre 100 et 200 euros par mois.
Pour ces jeunes filles, comme la plupart des autres enfants rencontrés par ASEL, l’école est une échappatoire et une opportunité. « Il est important d’apprendre », ajoute Carla. « Dans cette école, les Sœurs s’occupent bien de nous et nous enseignent beaucoup de choses, comme le français, l’arabe, les mathématiques », surenchérit Rim. Au Liban, le programme scolaire des écoles primaires s’inspire du système français, la présence de l’enseignement religieux en plus dans les établissements chrétiens et musulmans.