Jiana rêve sa vie en couleur
- on décembre 17, 2017
Pascal Houssin, le président d’ASEL, a rendu visite à Jiana en janvier 2009. Elle s’en souvient parce que son père n’était pas présent ce jour-là : « il était à Baouchrié pour trouver un nouvel appartement », explique-t-elle. Jiana vit avec ses parents et ses cinq frères et sœurs à Jdeideh, à l’est du pays. Pourquoi chercher un nouvel appartement dans la banlieue de Beyrouth ? Sa sœur ainée, Layla, passe son baccalauréat cette année. « Elle souhaite poursuivre ses études, mais cela n’est pas possible dans la région. Elle doit aller à Beyrouth, donc nous déménageons », poursuit la jeune fille.
A 18 ans, Jiana est encore en 4ème à l’école épiscopale de Notre Dame du Bon Service. « Les études, ce n’est pas pour moi. Mon niveau en français et en mathématiques est vraiment faible », reconnait-elle. A la maison, le contexte n’aide pas. Ni son père ni sa mère n’ont d’emploi. A la suite d’un accident de voiture, Mirella, de six ans son ainée, s’est retrouvée handicapée. Nabih, un de ses frères ainés, était dans l’armée. Il est décédé durant la guerre de l’été 2006 contre Israël. C’est l’indemnité versée par l’État libanais à la suite de son décès, ainsi que le salaire de son autre frère ainé, Tony, toujours dans l’armée, qui font vivre la famille. « L’aide d’ASEL a été précieuse pour nous. Durant deux ans, elle nous a vraiment soulagée », déclare-t-elle assise sur le canapé du bureau de sœur Joumana.
Une fois à Beyrouth, Jiana souhaite entreprendre des études d’architecture d’intérieure dans une école technique. « J’adore marier les couleurs, les formes. Au début, je voulais faire du dessin, mais je préfère aménager les endroits en vue d’une prochaine réception », dit-elle affichant dans la même veine un sourire timide. Sœur Joumana, présente dans la pièce, découvre les projets de la famille. « Ce n’est pas surprenant. Le cas de Jiana n’est pas unique », déclare la religieuse. Beaucoup de familles déménagent quand un des enfants entame des études supérieures. Jiana, elle, appréhende tous ces changements : elle a conscience qu’elle devra abandonner ses camarades du village et cette école dans laquelle elle a fait toute sa scolarité.