Aya, la timide
- on décembre 17, 2017
Cheveux châtains noués dans le cou. Quelques mèches rebelles caressent son visage fin. Assise sur le canapé aux motifs datant des années 1960 de la salle des professeurs de l’école de Deir el Ahmar, Aya a le regard inquiet et le dos rond. Elle n’ose parler. Sœur Jeanne, la responsable de l’école Notre-Dame de la Tour, entre dans la pièce et déclare en pinçant la joue de l’élève : « elle est très timide, il faut insister ». La petite âgée de six ans rigole.
Aya aime dessiner. Des soleils de préférence. Pourquoi ? « Parce que c’est chaud et doux ». Et des fleurs, « c’est beau les fleurs ». Ses yeux pétillent. Des fleurs dans son jardin ? Elle semble ne pas comprendre la question et se referme comme une huître.
Dans sa classe de CP, Aya est assise au premier rang, à droite. Cette cadette d’une fratrie de six enfants, est une élève sérieuse. Mais « personne ne doit l’aider à la maison, déclare Hiam son professeur de grande section maternelle. Ses parents ne sont jamais venus aux réunions » Ibrahim, son père, est agriculteur. Mona, sa mère, est femme au foyer. Ses frères Bassam (23 ans) et les deux jumeaux Hassan et Houssein (20 ans), eux, ne travaillent pas. Sa sœur aînée, Bassima (22 ans) s’est mariée et a quitté le foyer. Vient ensuite Rima (12 ans). Mais cette dernière est atteinte d’une déficience mentale. Malgré son jeune âge, Aya a bien conscience qu’elle doit aider sa mère.
A l’école, Aya est plutôt solitaire. « Elle aime faire plaisir, mais elle a toujours besoin d’être encouragée », poursuit Hiam. Encouragée dans ses études, mais aussi dans ses relations sociales : « c’est seulement à la fin de l’année de grande section maternelle qu’elle a commencé à se tourner vers ses camarades ». Pourtant, c’est seule et le dos courbé par le poids de son sac à dos vert qu’Aya rejoint le bus qui la ramène chez elle.